+ « On voudrait pouvoir travailler maman! Pourrais-tu remettre en cage cette petite guenon, s'il te plaît? » Une fois encore, là-dites guenon se trouvait mise à la porte par sa grande soeur et ses amies. Elle adressa un regard courroucé à sa mère qui l'attirait loin de la chambre, l’appâtant avec un dessin animé et des cookies. Avec une dernière grimace à l'intention de la porte désormais fermée, Lillian se laissa finalement convaincre, non sans râler de tout son soul. Plus d'une fois, alors que s'animait le Roi Lion à la télé, la petite blonde lança des coups d'oeil par-dessus le canapé pour tenter d'apercevoir un mouvement chez les adolescentes. Elle restait rarement concentrée très longtemps sur une même chose, aussi délaissa-t-elle sans scrupules Simba et ses envies de grandeurs qu'il scandait dans une chanson assommante pour retourner espionner sa soeur, son passe-temps favoris alors que sa mère s'était assoupie. Elle était déterminée à découvrir ce que cachait ces rassemblements quotidiens et les chuchotements qui les accompagnaient. Lillian n'avait peut-être que huit ans, mais elle n'était pas bête. Aucune des filles n'avaient apportées avec elle son sac de cours alors comment comptaient-elles travaillées ? Alors, qu'on la fiche à la porte avec une bonne raison, d'accord. Enfin non, pas d'accord m'enfin. Mais qu'on la fiche à la porte sous un faux prétexte, alors là non! sonnette d'alarme, lumière rouge clignotante et tout ce que vous voulez mais non. C'était louche. Et avec son imagination débordante de petite fille de huit ans, il n'en fallait pas plus à Lillian pour s'inventer des scénarios plus farfelus les uns que les autres. Déjà qu'elle soupçonnait Cornélia d'être un alien en temps normal... L'oreille collée contre le bois, elle s'étonnait de ne rien entendre, mais vraiment rien. C'était comme si elles n'étaient plus dans la pièce alors que Lillian savait qu'elles y étaient, elle les aurait vues si elles étaient sorties. Et soudainement, la porte s'ouvrit, emportant la fillette qui se cogna contre les jambes de sa sœur furieuse et les deux s’exclamèrent en même temps « Maman ! » « Maman, Cornélia et ses copines complotent dans sa chambre et elles font même pas leurs devoirs ! » S'en suivit une course poursuite pleines de cris et de promesses de mort lente et douloureuse comme il s'en déroulait tant dans l'appartement des Hale.

+ Même si leur relation était houleuse et qu'elle ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à sa grande sœur de la laisser systématiquement de côté ou de lui préférer ses amies aussi bizarres qu'elle, elle l'admirait énormément et elle l'aimait tout autant qu'elle savait que Cornélia l'aimait, même si toutes les deux préféreraient embrasser une limace plutôt que de l'admettre. Elles ne parlaient pas souvent, mais les gestes étaient là pour exprimer ce que les mots ne savaient pas. Pourtant, avant de comprendre cela, Lillian s'était toujours sentie délaissée et rejetée par sa soeur. C'est pendant cette période qu'elle s'était mise à lire à peu près tout ce qui pouvait lui tomber entre les mains. Et alors elle se sentait mieux, perdue dans les mondes qui s'offraient à elle au travers des pages, les mots l'enivraient. Et à chaque fois qu'elle refermait un livre, sa solitude l'assaillait à nouveau aussi enchaînait-elle les ouvrages. Vint un moment pourtant où les ressources de la bibliothèque familiale s'épuisèrent et se trouva à lire le programme télé. La bibliothèque d'Heatherfield devint bientôt son QG. Pour son treizième anniversaire, Lillian avait reçu beaucoup de présents, là était l'un des avantages d'être la dernière née d'une famille : on vous couvrait de présents à la moindre occasion. Mais dans cette montagne de cadeau, celui qui lui fit le plus plaisir fut celui de Cornélia : un marque page en fer forgé et aux formes arrondies, tel une crosse agrémentée d'une plume et de perles. Il était magnifique et elle le gardait toujours avec elle, en le détournant parfois de son usage premier pour en faire une broche à cheveux.

+ Assise en tailleur à la table du salon, la langue dépassant légèrement d'entre ses lèvres, Lillian était penchée sur ses cahiers, ce qui semblait lui demander beaucoup de concentration, et était entourée de livres et de tout un tas de stylos de couleurs, avec la télévision en fond sonore. Elle sortait tout juste de son dernier cours de la journée à la fac et avançait dans un dossier qu'elle devait rendre dans une semaine. C'était l'heure du journal de 20h et ils parlaient encore des meurtres et autres disparitions étranges. Rien de bien nouveau en soit. Son visage portait les traces de fatigue après une longue journée, elle passait mécaniquement sa main dans ses cheveux pour remettre une mèche derrière l'oreille, ou alors elle dégageait son front d'une frange gênante d'un revers de main ou bien encore elle se grattait la joue. Lillian était toujours en mouvement, quant bien même elle s'était assagie avec l'âge. Concentrée à l'extrême sur le futur projet qu'elle présenterait devant sa classe, elle n'entendit d'abord pas la sonnerie de son téléphone. Ce n'est que lorsque celui-ci hurla - le son augmentait progressivement tant que l'on ne l'arrêtait pas - la voix de Lana Del Rey qu'elle sursauta et leva les yeux de son travail pour se saisir de son téléphone. « Lili, regarde la télé. Les Lair ont eu un accident de voiture et... » Elle ne laissa pas la personne au bout du fil terminer sa phrase et lâcha son téléphone pour se précipiter sur la télécommande de la télé et augmenter le son. « ... la jeune femme a survécu mais pas l'homme à ses côtés, le très regretté Thomas Lair... » Égoïstement, elle se sentie soulagée de ne pas avoir entendu le présentateur prononcer le nom de Christopher Lair, son ami de toujours et le garçon pour qui elle avait le béguin depuis ses 15 ans. La blonde sur rua sur son téléphone et raccrocha sans somation avec la personne qui l'avait appelée pour composer le numéro de Chris. Il ne répondit pas alors elle lui laissa un message, lui disant de l'appeler dès qu'il le pourrait et qu'elle était là pour lui. Ensuite, elle hésita un long moment avant de joindre sa soeur. Après tout et malgré leur récente mésentente, Irma et Cornélia avaient été amies et cette dernière devait s'inquiéter. Lili opta alors pour un sms : Je viens d'apprendre pour l'accident. Tu sais comment va Irma ?

◖Juste un mot, J'ADORE  Lillian est vraiment magnifique, ta fiche est top et Chris a de la chance, qu'il en profite le vilain   Je te valide donc, encore bravo pour ta fiche