(maison moriarty, heatherfield, hiver 2001) GUESS WHAT ? I'M NOT A ROBOT + On se trouvait dans le salon. Aligné les un à côté des autres. Clyde - l'aîné, il avait 16 ans - tout au bout à droite. Il se tenait droit et n'avait pas vraiment d'expression sur son visage. Pas le moindre sourire. A sa droite, il y avait Will - le deuxième enfant de la famille, âge de 14 ans - qui essayait de se tenir droit et regardait le sol. Encore à droite, il y avait Alec - il aurait dû être le dernier enfant de ma famille et était âgé de 12 ans. Il regardait en l'air en attendant que le temps passe. Et puis il y avait moi. Petite dernière de la famille et surtout seule et unique fille. Vous pensez certainement que mes parents devaient être heureux de ma naissance ? Et bien, ce n'était pas réellement le cas. Enfin ça c'était une autre histoire. Je regardais mes chaussures, tout en jouant avec mes cheveux. Je n'aimais pas ça, lorsqu'on nous réunissait tous dans le salon. Cela n'annonçait vraiment rien de bon. Tout le monde s'était redressée lorsque ma mère était entrée dans le salon. Il n'y avait vraiment plus un bruit dans la pièce - qui était déjà très calme avant.
« Je ne le répéterais pas une fois de plus. Cette soirée est très importante pour votre père, alors je ne veux aucun incident. » avait-elle dit d'une voix froide et détachée. Elle ne nous avait pas regardé, comme d'habitude d'ailleurs. Elle était le genre de mère qui n'apportait pas vraiment d'importance à ses enfants. Elle nous aimait. Oui, elle nous aimait quand on se montrait parfait, sinon on n'existait pas à ses yeux. Oui, le genre de mère tout à fait adorable.Un par un, ma mère nous avait demandé un par un, nôtre rôle dans cette soirée. Ce qui était plutôt simple. Rester assis, se taire, être polie et sourire. Être une véritable poupée. Elle s'était tournée vers moi. Avec un simple sourire sur son visage. Enfin, je me demandais d'ailleurs si c'était réellement un sourire.
« Et toi Lexie, qu'est-ce que tu dois faire ? » Je déglutis lentement. J'avais l'impression qu'on me fixait. En fait non ce n'était pas une impression, ils me fixaient tous.
« Je resterai dans ma chambre en silence et je ferai semblant de ne pas être là. » Le sourire de ma mère s'était effacé. Clyde et Will avaient laissé échappé un long soupire. Pour Alec, il avait simplement retenu un rire - il avait dû comprendre l'allusion, après tout c'était lui qui m'avait passé Harry Potter et la chambre des secrets à lire. J'avais baissé la tête. Je regrettais déjà ce que j'avais dit. En même ce que j'avais dit n'était pas forcément faux. C'était peut-être mieux ainsi d'ailleurs. Moins de catastrophe en prévision en somme. On va dire que dans une famille où l'apparence qu'on donne est importante, je n'ai pas vraiment ma place, même pas du tout. J'étais la tête en l'air, la maladroite, la rêveuse de la famille et surtout je m'en fichais complètement de ce que je pouvais donner comme impression. J'étais en quelques sortes l'électron libre de la famille. Enfin pas si libre que ça, puisque j'obéissais sagement à mes parents.
(lycée, heartherfield, printemps 2008) HERE I AM, A RABBIT HEARTED GIRL + Le lycée. Ce qui est bien avec le lycée, c'est que lorsqu'on vient d'une famille légèrement connu et avec un peu de pouvoir, c'est qu'il est facile d'avoir bonne réputation et d'être populaire. J'avais à peine mis les pieds dans mon lycée, que j'étais déjà considérée comme la prochaine petite reine - ce que je suis devenue par la suite d'ailleurs. J'aurais pu devenir une petite peste, désagréable avec tout le monde, prenant les autres de haut et se croyant être la meilleure, mais ce n'était pas le cas. Déjà parce que je sais que je suis loin d'être la meilleure - Clyde est bien là pour me le rappeler - et que ce n'est pas dans ma nature d'être comme ça. Bref, revenons au lycée. J'étais installée à l'une des tables à l'extérieur en train de réviser lorsqu'une autre rousse était arrivée comme une furie à la table. Je posais mon livre devant moi et la regardais avec un grand sourire.
« Réunion des DRW ? »Elle avait souri à son tour en me faisant signe de la tête.
« Et le sujet de la réunion est ? » « C'est vrai que tu sors avec un des gars de l'équipe de foot ? » Elle m'avait regardé avec de grand yeux. Je ne sais pourquoi d'ailleurs. On aurait dit qu'elle était surprise. Ou alors peut-être pas. Je me demandais d'ailleurs, comme cela se faisait-il qu'elle était déjà au courant.
« Oui, c'est vrai. » Ce n'était pas étonnant d'ailleurs. Il était populaire. J'étais populaire. Il m'aimait bien. Je l'aimais bien. Bref, ça devait se faire un jour ou l'autre, non ?
« C'est tout ce qu'il y avait à l'ordre du jour pour les DRW ? » Elle hocha une nouvelle fois la tête avant de s'arrêter quelques instants. Apparemment non, ce n'était pas tout. Elle avait sortie quelques cahiers de son sac.
« Il y a quelques petites choses que je ne comprends pas en maths, si tu pouvais m'aider, ça serait sympa. » Je lui souris à mon tour. Will était sérieuse et bonne élève tout comme moi, mais ça ne nous empêchait pas de nous entraider
« Passe moi ça, je vais essayer de t'expliquer. »Elle m'avait tendu ses cahier et je lui expliquer. Une journée normale au lycée en somme.
(rue, heatherfield, automne 2012) JUST LIKE A PRAYER, YOUR VOICE CAN TAKE ME THERE + Je courais en direction de la station de métro. Quelle idée d'avoir accepté de sortir aussi tard, alors que j'avais que le métro pour rentrer chez moi. 23H08. Il me reste moins de trois minutes pour l'avoir. Je courais toujours aussi vite pour l'avoir. Je regardais mon téléphone portable. 23H10. Non, non ce n'est pas possible, je peux pas le rater. Je suis arrivée sur le quai du métro avec un grand sourire. Il était là. Pas encore partie. Je pouvais encore l'avoir. J'étais en train d'appuyer sur le bouton pour ouvrir les portes, j'espérais encore. Et ..... le train commençait doucement à s'en aller doucement. Je pouvais voir ma tête décomposée sur les vitres du métro. Bon j'étais bonne pour rentrer à pied. Prenant mon téléphone dans une de mes mains, je commençais à envoyer un message à Ezeckyel, mon petit-ami, peut-être qu'avec un peu de chance, il passerait me chercher et je n'aurais pas à faire tout le chemin à pieds. Durant quelques minutes, j'attendais une réponse de sa part. Rien. Bon apparemment, je devais vraiment rentrer chez moi à pied. C'est sympa d'avoir un petit-ami, si celui-ci ne répondait pas aux messages qu'on lui envoie ou qu'il refuse de faire quelque chose que je lui ai demandé. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait d'ailleurs. Et pourtant je n'étais pas vraiment le genre de fille qui harcelait ses copains, loin de là. Je marchais tranquillement dans les rues de Heatherfield, écouteurs dans les oreilles et musique - plus précisément
like a prayer de Madonna - à fond pour rentrer chez moi. J'écoutais toujours de la musique en rentrant chez moi, j'avais l'impression que le temps passait plus vite, comme ça. Et comme d'habitude pour retourner à mon appartement, je ne passais pas des petites rues - en y repensant ce n'était pas vraiment l'idéal, surtout lorsqu'il se faisait aussi tard, on ne sait pas sur qui on peut tomber. D'accord, je vivais dans un quartier sûr, mais quand même, des mauvaises rencontres on peut en faire partout. D'ailleurs, j'en avais fait une, de mauvaise rencontre, enfin en quelque sorte. Je marchais tranquillement, lorsque quelque chose de lumineux étaient apparus devant moi. Comme ça d'un coup. J'arrêtais le moindre de mes mouvements. Je ne clignais même plus des yeux. Je ne savais pas ce que c'était que ce truc. C'est juste apparu comme ça, d'un seul coup. J'avais cligné des yeux et secoué plusieurs fois la tête. Peut-être que j'étais en train d'halluciner. Je m'étais doucement approché pour mieux voir ce que c'était. Et d'un coup des gens sont sortis de ce machin ! Des personnes. De vraies personnes. J'étais en train de rêver. Oui, c'est ça j'étais en train de rêver éveillée ! Mais si, je rêvais pourquoi il y avait Irma Lair dans mon rêve. Je la connaissais. Oui, mais de vu seulement. Qu'est-ce qu'elle venait faire là. Non, ce n'était pas un rêve. C'était réel. Il y avait des personnes qui sortaient d'un portail -ou quelque chose dans le genre. Ces personnes étaient habillées d'une façon bien étrange. Un peu comme s'il venait d'une autre époque.Du moyen-âge. Je sentais mon cœur battre de plus en plus vite. Je ne savais pas ce que je devais faire. Partir en courant ? C'était sans doute la meilleure chose à faire. Mais au lieu de ça, je m'étais mise à crier. Et ce n'était pas un petit cri. Oh, non loin de là. Eux qui ne m'avait pas remarqué, bah c'était désormais autre chose. Je pouvais encore fuir, mais mes jambes refusaient de bouger.
« Elle nous a vus, Majesté, nous devons la faire taire ! » Je reculais de quelques pas. Balbutiant quelques mots. J'allais mourir. J'avais vingt-et-un ans et j'allais mourir, tué par je ne sais quel moyen dans une ruelle. Je continuais de reculer, jusqu'à arriver à un mur. Je sentais ma fin arriver. Du moins c'est ce que je croyais. La dernière chose que je me souvenais, c'était de cet homme qui s'avançait vers moi. Ensuite, c'est le trou noir. Le néant complet. Je venais de m'évanouir.
(hôpital, heatherfield, automne 2012) WHERE IS MY MIND + « Elle s'est cognée la tête en tombant. Elle risque d'être un peu déboussolée durant quelques temps, mais il n'y a rien de grave. Si vous voyez qu'il n'y a toujours pas de changement, revenez faire un scanner. » J'entendais des voix. Certaines m'étaient complètement inconnus et d'autre me rappelait vaguement quelque chose. Petit à petit, j'avais ouvert mes yeux. Tout était légèrement flou et il y avait une lumière aveuglante qui tuait petit à petit mes yeux. Où j'étais. Comment j'étais arrivée là. Et qui sont ces personnes qui parlent, étaient les trois questions que je me posais actuellement. Lentement, je me relevais pour essayer de me mettre assise. Ma tête me faisait un mal, mais vraiment très mal.
« Ma chérie, tu es réveillée. » On m'avait pris dans les bras rapidement que ça me déboussolait encore plus qu'autre chose. Ma mère. Me prenais. Dans ses bras. C'était quasiment un miracle.
« Où je suis ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Je me tenais toujours la tête. Je savais très bien ce qu'il s'était passé. Je voulais juste savoir leur version des faits et surtout savoir comme j'ai fait pour me retrouver ici.
« Vous êtes aux urgences de l'hôpital d'Hearthfield. Vous avez été victime d'une agression ... » Le médecin continuait de parler, mais je ne l'écoutais plus. Une agression ? Non, ce n'était pas une agression. Enfin ça faillit l'être, mais ça n'en était pas une.
« Ce n'était pas une agression. Il y avait cette lumière. Des gens en sortaient et ... » Ma mère avait ris, m'interrompant dans mon récit.
« Ma fille a toujours eu une imagination débordante. » Imagination débordante ? Ce n'était pas mon imagination. C'était vrai. Je ne l'inventais pas !
« C'est la vérité ! Je l'ai vu ! Il y avait même le commissaire Laire de présent ! » Le médecin s'était approché de moi. Prenant une sorte de petite lampe qu'elle avait allumé pour ensuite me la mettre dans les yeux. Je reculais légèrement. On voulait me rendre aveugle ou quoi.
« Le commissaire Laire est l'une des personnes qui vous a emmené ici. Et c'est elle qui nous a dit qu'il y avait eu agression. » Quoi ? Non, ce n'était pas possible. Enfin si, c'est possible, puisqu'elle se trouvait là-bas. Mais, il n'y avait pas d'agression. Je m'étais juste évanouie ! Rien de plus !
« Peut-être que la commotion était plus grave que je ne le pensais. Il faudrait mieux qu'elle reste ici une journée en observation. » Elle s'était adressée à ma mère. Non, je ne voulais pas rester ici. Je voulais rester chez moi. Je n'avais rien de grave. Et puis, je suis majeur, je n'étais plus une enfant, je pouvais décider de ce que je devais faire.
« Je n'ai pas besoin de rester, ce que je dis est strictement la vérité ! » Je me levais du lit. Non je ne voulais pas rester ici. J'avais à peine poser les pieds au sol que j'avais l'impression de tomber. Non, ce n'était pas une impression. Je ne tenais réellement pas debout. C'était même le médecin qui m'avait rattrapé.
« Vous devez absolument vous reposer. Vous êtes encore sous le choc de l'agression. » Je me débattais légèrement. Je n'avais pas besoin de me reposer, mais mon corps disait le contraire. Je m'étais juste évanouie, ce n'était rien. On pouvait me laisser tranquille. Mais apparemment non
« Ce n'était pas une agression … » Mes paupières étaient lourdes. Vraiment très lourdes.
« Ce n'était pas une agression … » Ma voix se faisait de plus en plus faible. Mes paupières se fermaient petit à petit. On m'avait administré un calmant. Pourquoi ? Je n'en savais rien. Peut-être pensait-il que j'étais folle. Non, je ne l'étais pas.
(quelques part à heatherfield, hiver 2013) I'M GONNA GIVE ALL MY SECRETS AWAY + Ma vie était devenue un véritable enfer. C'était de ma faute, mais quand même je ne pensais pas que cela devenir comme ça. Et puis quelle idée d'avoir dit tout ça au journaliste. Pourquoi, j'ai pensé que l'espace d'une seule seconde que c'était une bonne idée. Bien sûre que non. Un portail, des gens qui les traversaient. Forcément, avec ça ils avaient quelques choses pour ruiner la réputation de ma famille. LEXIE MORIARTY, L'ILLUMINEE. C'est ce que pouvait voir dans la plupart des journaux. Ma famille ne me parlent plus. Il me renie même. Je n'existe plus pour eux, déjà qu'avant c'était limite ça, mais là plus aucun membre de ma famille me parle. Même plus Alec, alors que c'était la personne avec qui j'étais le plus proche et qui me comprenait. Je ne peux plus compter sur mon petit-ami, puisqu'il m'a quitté. Oui, avoir une dingue comme copine ça ne le fait pas trop. Quant à mes amis. Eux aussi, ils se font rare. J'ai pensé que je pouvais compter sur Will, mais elle aussi pensait que c'était une hallucination. On s'était disputée et aujourd'hui on ne se parle plus. Heureusement qu'il y avait Posie. J'avais encore au moins une véritable amie sur qui compter. Mais à part ça qu'est-ce que j'avais ? Rien. Absolument plus rien. Et pourquoi, je déprimais comme ça déjà ? Ah oui, le journal. Encore un article sur moi et ma folie. Au moins, je ne faisais plus là une, mais on continuait toujours de parler de moi. Je refermais le journal. Lire ça, ne servait à rien. Cela me faisait plus de mal qu'autre chose. J'étais assise sur un banc, des personnes passaient devant moi. J'entendais certaines m'appeler 'la folle', 'la cinglée', ' l'illuminée' ou d'autre surnom bien sympathique. Je n'étais pas folle, j'étais totalement saine d'esprit. C'est ce que je me répétais sans cesse depuis plusieurs mois.
« Lexie. Lexie Moriarty ? » Je levais la tête. Qu'est-ce qu'il me voulait. Je ne le connaissais pas. Et il n'avait pas l'air de me connaître non plus. Oui, ce n'est pas parce qu'on connaît mon nom, qu'on me connaît vraiment.
« Je ... Je n'ai rien à vous dire. » J'avais pris rapidement mes affaires avant de m'en aller le plus vite possible. Peut-être était-il un journaliste qui voudrait avoir des informations sur cette folle de Moriarty que je suis. Ou alors peut-être voulait-il simplement se moquer de moi. Quoi qu'il en soit je continuais de marcher toujours très vite. Je m'étais retournée et il me suivait toujours. Je ne sais pas où j'allais, mais je continuais de marcher. Enfin jusqu'à ce que je tombe dans une impasse. On m'avait pris le bras. J'avais sursauté et j'étais à la limite de fondre en larmes. Peut-être que j'étais réellement folle après tout.
« Quoi que vous me voulez, je n'ai rien à dire. Ne me faites pas de mal et partez. » Oui je n'avais rien à dire. En tout cas, je n'avais rien à dire. En tout cas, rien à dire qui pouvait aggraver ma situation.
« N'ayez pas peur. Je m'appelle James Donovan. » Donovan. Ce nom me disait quelque chose. Il n'y avait pas une maire qui se nommait ainsi ? Je le regardais. Je tremblais. Je sentais une crise d'angoisse arriver très vite. « Je suis au courant de ce qui s'est passé. » Cela ne me rassurait absolument pas. Bien sûr qu'il était au courant, tout le monde l'était.
« Et je vous crois. » Mes tremblements avaient disparu. La sensation d'une crise d'angoisse aussi. Mon regard avait changé aussi. Ce n'était plus de la peur. Non, c'était autre chose qu'il y avait. Il me croyait. C'était bien la première fois qu'on me disait ça - à part Posie, mais je n'étais pas sûre qu'elle me croyait réellement. De l'espoir. On me croyait. Je ne devais pas être si folle que ça, après tout.
(maison wayland, printemps 2013) SOME OF THEM WANT TO ABUSE YOU SOME OF THEM WANT TO BE ABUSED BY YOU + Je me trouvais devant la porte de la maison. Un bout de papier dans les mains avec une simple adresse écrite dessus. Je respirais calmement. Il fallait que je me comporte normalement. Tout allait bien se passer. Je frappais à la porte trois fois, attendant patiemment qu'on m'ouvre et cela durant quelques minutes. Rien. Peut-être que je suis passé au mauvais moment, qu'il n'y avait personne. Je frappait à nouveau. Enfin j'ai failli, puisqu'on avait ouvert la porte à ce moment. Et là, un gros silence. Ne pas agir bizarrement ? Oui, bah c'était légèrement raté.
« Bon … Bonjour, je viens pour … l'annonce de jeune fille au pair et ... » Il m'avait fait signe d'entrer. Chose que je fis immédiatement. Je regardais l'intérieur de la maison. Elle ressemblait à peu près à celle de mes parents. Enfin, en un peu moins grand.
« Au fond à droite, il y a la cuisine. Il y a une porte, elle donne sur le sellier. A gauche, il y a le salon et la salle à manger. A l'étage, il y a trois chambres. La mienne, celle de ma fille et la votre. Deux salles de bains. » J'avais arrêté de l'écouter. J'étais …. Prise ? Mais je n'avais même pas passé d'entretien ou quoi que ce soit. Je le fixais du regard. Non c'était une blague. Il me faisait une blague. C'était ça, il se moquait de moi. Oui depuis un certain temps, je ne faisais plus vraiment confiance aux autres. Il était sur le point de me dire quelque chose, mais ça c'était avant qu'une fusée descende les escaliers. Une fillette d'environ six -ou peut-être sept - ans s'était approché. Elle avait l'air sûre d'elle, déterminée. Bizarrement, je trouvais qu'elle me ressemblait. En fait, elle me ressemblait plus lorsqu'elle se cachait derrière son père.
« Elizabeth, voici ... » Il me regardait comme pour me demander mon prénom. C'était donc bien une blague. Il ne connaissait pas mon nom et voulait m'engager.
« Jude. » Oui, maintenant je m'appelais Jude. Pas Lexie. Lexie, c'était la folle. Je ne l'étais pas. Jude ne l'étais pas. La fillette s'était approchée de moi, d'un air timide. Je lui avais fait un petit sourire. Elle n'avait pas l'air d'être méchante.
« C'est toi la folle ? » Retour à la réalité. Il était même très violent. Si même les enfants pensaient que j'étais folle, il n'y avait vraiment plus rien à faire pour moi.
« Elizabeth ! » « Quoi ? C'est vrai, c'est ce qu'il disait à la télé ! » « Dans ta chambre, tout de suite ! » Je regardais ailleurs. J'avais pu entendre la fillette soupirer et remonter dans sa chambre tout en traînant des pieds. Maintenant, je savais que c'était foutu. Qui allait engager une folle ? Et dire que je comptais sur ce travail pour pouvoir me payer le reste de mes études. Je peux dire adieu à tout ça et peut-être même commencer à vivre dans la rue.
« Je suis désolé, d'habitude elle n'est pas comme ça. Mais depuis ... » Je levais la tête pour le regarder. En même temps, d'habitude, elle devait sûrement parler à des gens qui sont sains d'esprit. Il s'était raclé la gorge avant de continuer son chemin.
« Elizabeth commence l'école à 8h et elle termine à 16h. » Il continuait de marcher et de parler. Sérieusement, il voulait quand même m'engager. Remarquant que je ne bougeais plus et surtout que je ne lui répondais pas non plus. Il s'était retournée et avait même fait quelques pas vers moi.
« Vous voulez vraiment me prendre pour le poste ? Même avec ce que les autres disent sur moi ? » Si c'était le cas, il n'était pas vraiment sain d'esprit lui aussi.
« Et pourquoi pas ? Vous savez faire les tâches ménagères ? Faire la cuisine ? S'occuper d'enfant ? Alors c'est bon. Et puis les candidatures ne sont pas vraiment nombreuses, alors bon … » Ce n'était vraiment pas une blague alors. Je n'allais pas me plaindre après tout. J'allais avoir un travail, un toit et je pourrais continuer mes études. J'allais avoir enfin – ou peut-être – une vie normal.
« Alors, c'est la folle qui va habiter ici ! Elle a l'air plus marrante que les autres ! » « Elizabeth ! » Ou pas. Non, j'étais la folle et j'allais rester avec cette réputation pendant un bon moment.